Le 5 septembre 2024, après 7 ans de silence, le groupe Linkin Park réapparaît aux yeux du grand public à la surprise générale avec une nouvelle voix…

Emily Armstrong est désormais la nouvelle voix principale du band succédant ainsi à Chester Bennington décédé en 2017. Connue pour être la co-fondatrice et chanteuse du groupe Dead Sara, elle s’est déjà formée une certaine renommée dans le monde musical.

Suite à l’annonce de ce retour, les réactions des fans de Linkin Park sont forcément clivées. Entre celles et ceux qui se disent séduits par cette nouvelle formation, et se réjouissent de voir le groupe revivre et refaire des tournées après cette longue absence, et les sceptiques qui refusent cette nouvelle voix tout en martelant la même critique : elle ne remplacera jamais Chester.

Ce qu’on peut alors se demander, c’est : est-ce qu’avec ce retour Linkin Park veut réellement faire revivre un passé douloureux ?

Une question à laquelle Mike Shinoda, co-fondateur du groupe, a répondu dans une interview donnée sur KROQ. Il y dit que leur intention n’est pas de trouver un remplaçant à Chester mais de faire revivre le groupe en lui donnant une nouvelle essence.

Il est aussi, je pense, nécessaire, de prendre en compte le fait qu’Emily Armstrong n’a pas la prétention (tout comme peu d’autres l’auraient) de proposer une performance artistique du même ordre de ce que Chester proposait. C’est un flambeau prestigieux et délicat, qu’elle a accepté de porter à son tour, mais en lui donnant une flamme différente, avec des couleurs nouvelles pour poursuivre l’œuvre du chanteur de Linkin Park.

Et ce changement ne signifie pas pour autant que la musicalité que le groupe proposait a disparue. A en écouter le nouveau single du groupe : The Emptiness Machine, celles et ceux qui ont bien connu le groupe ne peuvent pas nier le fait que Linkin Park garde sa même signature : des sonorités bien métal contrebalancées avec des accalmies mélodieuses. Somme toute, une frontière poreuse entre rock et métal. Et la voix d’Emily Armstrong, rugueuse et énergique, qui passe facilement du chant aux cris, parvient bien (à mon sens) à se marier avec ce style.

Cependant, il n’y a pas que le paramètre musical qui rentre en ligne de compte chez celles et ceux qui la critique : la carrière d’Emily Armstrong n’est pas exempte de controverses. Elle aurait, des liens avec l’Eglise de Scientologie et aurait aussi apporté son soutien à l’acteur Danny Masterson, reconnu coupable de viol. Ces informations, véhiculées en masse depuis la nouvelle formation de Linkin Park, ont suscité quelques hostilités parmi les fans. A l’heure actuelle, la chanteuse a répondu aux critiques concernant son soutien à Masterson en affirmant qu’elle s’était trompé à son sujet et que depuis, elle n’a plus contact avec lui. Concernant son rapprochement avec la scientologie, elle ne s’est pas prononcé.

Linkin Park a annoncé un nouvel album prévu pour le 15 novembre 2024. Il s’intitule From Zéro, en référence aux tout débuts de leur groupe qui était connu sous le nom XERO. C’est une nouvelle ère pour Linkin Park, c’est un vent de renouveau pour les fans et une possibilité de découvertes pour celles et ceux pour qui ce groupe est encore étranger.

Je vous présente un groupe musical qui ne fait pas dans la dentelle. Un groupe américain mondialement connu sur la scène du métal et qui encore à l’heure actuelle cumule des milliards d’écoute. Slipknot est un groupe qui n’a pas peur de briser les codes et de pousser les extrêmes toujours plus loin. C’est un trait de leur proposition artistique qui leur a valu de nombreuses critiques mais qui à l’inverse séduit aussi beaucoup et les a mené vers une grande popularité. Suivons les traces de leur succès depuis leurs tout débuts jusqu’à aujourd’hui.

Slipknot a été formé à Des Moines, dans l’Iowa, en 1995. Le groupe a été fondé par le percussionniste Shawn Crahan, le batteur Joey Jordison et le bassiste Paul Gray. La fraîche équipe a recruté d’autres membres issus de différents groupes pour former un band de neuf personnes, chacun portant un numéro plutôt qu’un nom. Ils se sont ensuite mis au travail pour développer ce dont ils rêvaient : un style distinctif et violent.

Et pour ça, le groupe n’a pas seulement misé sur la musicalité mais aussi sur leur apparence. Lors de leur premier concert, les membres portaient des tenues de prisonniers et ne montraient pas leur visages en le cachant derrière des masques de cochon, de clown, des bandelettes avec des dessins tribaux dessus ou encore des cagoules de bourreau. Slipknot a maintenu cette tradition de rester masqué pour tous ses concerts. En 1999 le groupe sort son premier album portant le nom du band : Slipknot. Ils y mêlent du metal et du nu-metal et c’est un succès.

La violence de leur musique surprend beaucoup car elle monte d’un cran par rapport à tout ce qui avait été fait précédemment dans le métal. Elle se caractérise par des riffs de guitare puissants, une batterie intense, des cris d’agonie, des paroles sombres et provocantes, des éléments expérimentaux et des samples qui créent une atmosphère intense et mystique. Le chanteur du groupe Corey Taylor marque aussi les esprits par sa diversité artistique en mélangeant chant mélodieux, screams, et rap.

Mais ce qui surprend le plus c’est leur prestation en concert. En plus de leur habillement et de leurs masques, les neuf membres affichent une énergie folle voire violente et en viennent même à se mutiler devant leur public. Ce qui, évidemment leur vaudra de nombreuses critiques, notamment venant de la communauté croyante des Etats Unis. Ils ont également été connus pour utiliser en concert des instruments inhabituels comme des blocs de bois, des tambours de guerre, des maracas et des marmites.

Slipknot a très vite affiché son petit goût pour la provocation. Si cela ne plaît pas à une certaine partie de la population, les adeptes eux, ont le coup de cœur et attendent avec impatience ce que ce fameux groupe pourrait présenter à l’avenir. Slipknot se retrouve alors propulsé sur la scène internationale et font l’affiche du Ozzfest en 1999 aux côtés de groupes comme System of a Down ou Deftones. Après une tournée monstrueuse, ils reviennent avec un nouvel album 2 ans plus tard connu pour être le plus violent de leur carrière : Iowa.

Le ton de l’album est bien plus sombre, ce qui n’a rien pour déplaire aux fans et donne un autre coup de popularité au groupe. Le chanteur Corey Taylor confesse en interview qu’en enregistrant l’album il se mutilait en faisant les cris des chansons pour les rendre plus effrayants et authentiques. Au-delà de la musicalité, ce qui plaît aussi aux fans ce sont les paroles. Car plus profondes et donnent un aperçu du combat que mène Corey Taylor contre sa dépression et ses envies suicidaires. Il y parle également de son enfance qu’il décrit comme très dure. Le groupe avait comme envie de retranscrire au mieux le sentiment de solitude, de mal-être et la sensation d’être incompris pour offrir un refuge aux personnes qui traversaient la même chose. Et le but est encore une fois atteint, c’est un succès. Iowa est certifié disque de platine aux états unis et au Canada. Et, évidemment, le groupe ne s’arrête pas en si bon chemin.

Slipknot revient en 2004 avec The Subliminal Verses, un album beaucoup plus mélodieux avec une dimension plus acoustique et donc plus classique qui divise les fans car selon une partie d’entre eux, Slipknot perdrait son identité en partant dans cette direction-là.

Malgré les avis mitigés, la musique est bien accueillie et le groupe continue de travailler sur les albums suivants. Et quand ils pensaient avoir atteint l’apogée de leur succès, ils ont frappé encore plus fort avec leur quatrième album paru en 2008 : All Hope Is Gone, qui leur fera atteindre la première place du Billboard 200. L’album finit top des ventes dans le monde entier. Mais un évènement majeur vient bousculer l’élan du groupe.

Le 10 mai 2010 le bassiste Paul Gray est retrouvé mort dans la chambre d’un hôtel d’une overdose accidentelle de morphine. Cette nouvelle est un choc pour le groupe qui perd l’un de ses membres fondateurs. Malgré ce décès, Slipknot termine sa tournée avec un nouveau bassiste, Dony Still, ancien guitariste du groupe. 

Pendant 5 ans, depuis l’annonce de la mort de Paul Gray, le public n’a plus de nouvelles du groupe. Jusqu’à la sortie d’un nouvel album en hommage à leur ancien bassiste : The Gray Chapter. Sans surprise, un album reçu avec enthousiasme et émotion par les fans. Les clips vidéos des musiques sont très gores voire dérangeants, dans un but de bousculer le public mais aussi de montrer combien le départ de Paul Gray laisse une désolation auprès des autres membres.

Slipknot continue son ascension et en vient à remplir des festivals à l’international comme le Hellfest en France ou le Sunwave en Australie. Le 9 août 2019, quatre ans après leur dernière création, ils sortent un nouvel album, We Are Not Your Kind.

Slipknot n’est pas épargné en termes de pertes, car un autre de leur membre fondateur décède des suites d’une maladie auto-immune le 6 juillet 2021 : le batteur Joey Jordison. C’est un nouveau coup dur pour le groupe et aussi pour le monde de la musique qui voit un grand musicien de la scène du métal s’en aller. 

Joey Jordison sera remplacé par Jay Weinberg et le groupe se remet au travail. Après plusieurs mois passés à faire planer le mystère auprès des fans sur leurs réseaux sociaux et plusieurs faux espoirs en termes de dates de sorties, Slipknot sort en septembre 2022 : The end, so far, leur tout dernier album à ce jour. 

Pour encore beaucoup de monde, Slipknot se résume à “juste du bruit”. Cependant, quand on écoute ce groupe, il faut faire cet effort de passer outre le mur du son pour y entendre toute la diversité artistique derrière les screams qui, certes, prennent de la place à l’écoute, mais ne constituent pas la majeure partie de leur musique. Slipknot, on l’a vu, mélange habilement le nu métal, le métal extrême, le rock alternatif et le rap.

Selon moi, c’est en bonne partie là que réside le talent du groupe et c’est en ça qu’il mérite son grand succès : réussir à faire ressentir beaucoup d’émotions à travers une musique extrême et encore aujourd’hui stigmatisée; permettre à nombre de personnes de se reconnaître dans une musique, pas seulement à travers les paroles mais aussi à travers la colère et la peine exprimées par les instruments lourds et les cris du chanteur; enfin, offrir une forme d’exutoire et une opportunité de ne pas se sentir seul dans sa détresse.